En 2022, près de 65 % de la population mondiale disposait d’un accès à Internet, contre moins de 10 % vingt ans plus tôt. L’Inde est aujourd’hui le premier exportateur de services informatiques au monde, alors qu’elle comptait parmi les pays les moins connectés il y a une génération. Pourtant, plus de 2,5 milliards de personnes restent exclues des réseaux numériques, freinant leur accès aux opportunités économiques mondiales.
La courbe des progrès technologiques ne grimpe pas partout de la même façon. Certains pays propulsent leur PIB grâce à la montée en puissance du numérique ; d’autres voient, au contraire, les écarts se creuser à l’intérieur même de leur société et face au reste du monde. L’argent et la croissance ne suivent pas toujours le chemin qu’on attend d’eux.
Plan de l'article
Technologies numériques et développement économique : un moteur de transformation globale
Impossible de rater la vague : les technologies numériques redessinent la carte du monde économique. On est loin de la seule automatisation ou de l’informatisation à tout-va. Les entreprises misent sur l’innovation technologique pour réinventer leurs chaînes de production, repenser la distribution, créer de nouvelles façons de dialoguer avec leurs clients. L’arrivée de l’intelligence artificielle fait naître des métiers inédits, rebat les cartes dans la gestion des données et bouleverse la manière de décider, à tous les niveaux.
La poussée de l’économie numérique se vérifie partout : multiplication des plateformes, digitalisation des services, fintech en pleine effervescence, e-commerce qui grignote des parts de marché. À chaque innovation, la donne change. Les marchés se déplacent, les équilibres basculent. Prenons l’Afrique subsaharienne, où le paiement mobile explose et permet à une nouvelle génération d’entrepreneurs de s’installer, d’innover, de conquérir des marchés jusque-là inaccessibles.
Pour mieux saisir les ressorts de cette transformation, voici quelques exemples concrets :
- Innovation : elle dope la compétitivité des entreprises et leur permet de grandir plus vite.
- Données : désormais, c’est la ressource que tout le monde cherche à exploiter, des administrations aux start-up.
- Technologies modernes : elles accélèrent les échanges et multiplient les façons de créer de la valeur économique.
Le développement impulsé par le numérique ne s’arrête pas à l’économie privée. Les administrations publiques investissent dans des outils digitaux pour rendre la gestion plus transparente, améliorer la participation des citoyens, mieux piloter les ressources. Mais tout n’est pas rose : chaque progrès apporte son lot de questions. Quel est l’impact réel sur la société, sur l’environnement, sur notre façon de vivre ensemble ?
Quels bénéfices concrets pour les économies émergentes ?
Dans les pays en développement, la donne change à grande vitesse. Les technologies de l’information et de la communication ouvrent des portes, propulsent des PME locales sur les marchés internationaux, sans infrastructure lourde grâce au cloud computing. Les data centers régionaux réduisent la dépendance vis-à-vis de l’étranger, accélèrent les flux d’informations, permettent aux décideurs d’agir plus vite.
Le travail à distance a bouleversé la donne sur le marché de l’emploi. De nouveaux métiers émergent, surtout dans le numérique, le support technique, la gestion de projets. Les plateformes numériques multiplient les possibilités, renforcent la résilience des économies locales.
Concrètement, ces progrès technologiques se traduisent ainsi :
- Innovation dans l’agriculture : des drones pour collecter les données, optimiser les récoltes, anticiper la météo.
- Big data et microfinance : cibler précisément les personnes exclues du système bancaire, mieux identifier les besoins.
- Économie numérique : circuits de distribution dynamisés, accès élargi à l’information, création de nouvelles chaînes de valeur.
Mais ce tableau est loin d’être parfait. L’essor rapide du numérique soulève des défis inédits. Les infrastructures consomment de plus en plus d’énergie, ce qui oblige à repenser la croissance. Les économies émergentes cherchent leur équilibre, tentent de croître sans sacrifier l’environnement, tout en comprenant que la donnée est désormais un enjeu stratégique.
Entre croissance et inégalités : les défis à relever face à l’innovation
La fracture numérique ne disparaît pas d’un coup de baguette magique. Derrière la façade des villes connectées, de nombreux territoires ruraux peinent toujours à accéder aux technologies modernes. Les infrastructures, souvent insuffisantes dans les pays à faible revenu, limitent la diffusion de l’information et réservent les nouvelles technologies à une minorité.
Les géants du web, les fameux GAFA, raflent la majeure partie des données et renforcent leur mainmise sur l’économie mondiale. Cette concentration interroge : qui contrôle vraiment le numérique ? Les États tentent de réguler, mais l’innovation avance à toute vitesse. Dans les entreprises, la cybersécurité s’impose : attaques en série, vols de données, législations souvent à la traîne.
Les défis ne s’arrêtent pas là. Les centres de données poussent comme des champignons, augmentant l’empreinte carbone de l’économie numérique. La consommation énergétique explose, le bilan carbone mondial en pâtit, et la transition écologique reste parfois reléguée au second plan.
Enfin, la question de l’éthique s’invite dans le débat : utilisation des algorithmes, respect du droit d’auteur, conséquences de l’hyperconnexion sur la santé mentale. Les règles évoluent à la traîne du progrès. La réglementation tente de suivre, mais c’est souvent l’utilisateur ou le salarié qui fait les frais de ces bouleversements rapides.
Vers des solutions technologiques durables et inclusives pour demain
Impossible désormais de parler technologies sans évoquer la transition écologique. Face à l’enjeu climatique, de plus en plus d’organisations visent la neutralité carbone en repensant leurs investissements : infrastructures numériques moins gourmandes en énergie, recours à l’énergie renouvelable, gestion plus sobre des ressources. Le numérique n’échappe plus à l’exigence environnementale : chaque service, chaque innovation, chaque usage doit être repensé à l’aune de son impact.
Les stratégies de développement durable s’invitent dans les feuilles de route des acteurs du secteur. Écoconception des logiciels, recyclage et valorisation du matériel selon les principes de l’économie circulaire, efforts pour limiter l’impact des data centers : les pistes concrètes se multiplient. Certaines entreprises publient désormais leur bilan carbone, s’engagent dans des démarches responsables. Le chemin reste long, mais la dynamique s’installe.
Garantir à tous l’accès à l’innovation devient un enjeu de société. L’économie collaborative, portée par le numérique, rend possible le partage de ressources, de savoirs, d’initiatives locales. Les plateformes de partage, les réseaux ouverts, les projets citoyens dessinent les contours d’une société plus équitable.
Quant à l’intelligence artificielle et à l’automatisation, elles devront, elles aussi, intégrer ces nouveaux impératifs : mieux gérer l’énergie, anticiper les besoins, limiter les gaspillages. Tout l’enjeu, désormais, est de mettre la technologie au service du développement durable.
La question reste entière : saurons-nous faire du numérique un levier partagé, durable, capable de réparer les fractures qu’il a parfois accentuées ? Le prochain chapitre s’écrit déjà, et chacun y tient un rôle.
