Banques en difficulté : combien en France en ce moment ?

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Un distributeur qui refuse obstinément de délivrer un billet : simple contrariété ou le premier grincement d’un édifice bancaire qui se fissure ? Loin du confort apparent des guichets et des logos rassurants, la santé des banques françaises demeure un sujet de crispation, où chaque chiffre scruté en coulisses cache parfois une inquiétude bien réelle.

Dans les salles de réunion, l’atmosphère est électrique. Les banquiers auscultent leurs ratios, les superviseurs peaufinent leurs scénarios catastrophe. Officiellement, tout va bien. Mais derrière les rapports lissés, la question demeure : combien d’établissements hexagonaux marchent en équilibre sur le fil ? La façade du secteur bancaire français est léchée, mais les fondations, elles, sont-elles vraiment à l’abri d’un choc ?

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Panorama des banques françaises : un secteur sous tension

Impossible d’ignorer les secousses qui traversent l’écosystème bancaire tricolore. Les poids lourds – bnp paribas, société générale, crédit agricole, crédit mutuel, banque postale – avancent sous l’œil aiguisé de l’autorité de contrôle prudentiel et de résolution (acpr) et de la banque centrale européenne. Cette vigilance n’a rien d’anodin : la hantise d’une défaillance majeure rode, alimentée par des marchés financiers imprévisibles et des taux d’intérêt qui s’envolent.

La donne a changé avec l’arrivée des banques en ligne et des néobanques. Ces acteurs agiles, souvent peu capitalisés, réinventent la concurrence mais ajoutent leur lot d’incertitudes au secteur. Même les mastodontes structurés ont appris à redouter l’effet domino : la crise des subprimes et les tourmentes européennes ont laissé des cicatrices encore sensibles.

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  • bnp paribas et société générale affichent une solidité à l’épreuve des tempêtes, tout en restant vulnérables aux soubresauts internationaux.
  • Les réseaux mutualistes comme crédit agricole et crédit mutuel s’appuient sur leur vaste clientèle, mais voient leurs marges rognées par la concurrence et la conjoncture.
  • La banque postale navigue entre exigences réglementaires corsées et transformation digitale accélérée.

Face à ces défis, la surveillance s’intensifie. L’acpr redouble de stress tests, la banque centrale européenne pousse les exigences de fonds propres toujours plus haut. Pour l’instant, la France a esquivé le scénario noir des faillites en série, mais le spectre du risque systémique ne quitte pas les esprits des dirigeants bancaires.

Combien d’établissements sont réellement en difficulté aujourd’hui ?

Pas de raz-de-marée sur les quais de la Seine : la France traverse la houle bancaire européenne sans chavirer, mais la réalité est moins binaire qu’une simple liste de victimes. Les derniers chiffres de l’acpr font état de moins de cinq établissements présentant une fragilité sérieuse. Inutile de scruter les gros titres : aucune grande banque n’est citée dans la liste des établissements surveillés de près.

Les banques systémiquesbnp paribas, société générale – disposent de coussins de sécurité imposés par la bce. La vigilance se porte avant tout sur :

  • les petites banques régionales surchargées de crédits à risque,
  • quelques néobanques dont le modèle économique flanche si la croissance se grippe,
  • et certaines filiales d’établissements étrangers qui peinent à s’enraciner.

On reste loin d’un remake de 2008 : la dernière faillite bancaire d’ampleur remonte à la crise des subprimes. Le « too big to fail » protège les géants, mais laisse les petits établissements en première ligne. La hausse des taux d’intérêt et les secousses des marchés financiers fragilisent surtout les acteurs aux reins peu musclés. À ce jour, aucune enseigne nationale n’a sombré, mais la vigilance s’impose, partout et sans relâche.

Quelles causes expliquent la fragilité de certaines banques ?

Le ver n’est jamais bien loin dans le fruit, et la fragilité de quelques banques françaises s’explique par une combinaison de facteurs, tant structurels que conjoncturels. Première secousse : la remontée brutale des taux d’intérêt orchestrée par la banque centrale européenne a déséquilibré les bilans. Les obligations achetées quand l’argent ne valait presque rien perdent de la valeur. Les marges sur les crédits immobiliers s’effritent, la guerre sur l’épargne fait rage.

Les établissements les plus exposés cumulent souvent les mêmes faiblesses :

  • un risque de crédit élevé, en particulier dans des secteurs fragilisés comme l’immobilier commercial ou les prêts non performants,
  • une dépendance accrue à des financements de marché devenus hors de prix,
  • un manque de diversification qui les laisse démunis face à un choc sectoriel.

Les incertitudes sur les marchés financiers nourrissent la méfiance. La récente tempête venue de Suisse ou des États-Unis a poussé l’acpr à resserrer la vis sur les modèles d’affaires vacillants. Le radar des superviseurs détecte désormais la moindre faille : mauvaise gestion du risque de taux, portefeuille d’actifs trop exposé, amortisseurs insuffisants.

Les banques en ligne et plusieurs néobanques, souvent jeunes et encore peu diversifiées, encaissent plus difficilement les chocs. La résilience des institutions financières françaises tient désormais à leur capacité à s’adapter à ce climat exigeant, où chaque faux pas peut coûter cher.

banque difficulté

Ce que cela change pour les clients et l’économie française

Dans les files d’attente ou devant leur appli bancaire, les clients guettent la moindre rumeur. Même si les défaillances restent l’exception, la garantie des dépôts revient sur toutes les lèvres dès qu’une crise menace. Le fonds de garantie des dépôts et de résolution (fgdr) veille : jusqu’à 100 000 euros sont couverts par personne et par banque. Ce filet de sécurité protège la grande majorité des comptes courants, livrets d’épargne (lep, ldds), dépôts à terme.

Les contrats d’assurance vie bénéficient aussi d’une couverture, plafonnée à 70 000 euros par assureur. En cas de faillite bancaire, le fgdr indemnise sous sept jours ouvrables : pas de file devant les guichets, pas de panique. Pourtant, la nervosité n’épargne pas certains clients, notamment ceux qui jonglent entre banques en ligne et néobanques adossées à des groupes étrangers plus discrets.

Pour l’économie française, chaque secousse freine la distribution du crédit. Une banque qui vacille resserre le robinet pour les ménages et les entreprises. Le risque de contagion reste contenu grâce à la surveillance de l’acpr et à la possibilité, en coulisses, d’une intervention de l’état en cas de véritable tempête. Si la garantie des dépôts rassure les épargnants, elle les pousse aussi à regarder d’un œil plus critique la robustesse de leur banque.

  • Les dépôts à la banque postale, au crédit agricole ou au crédit mutuel bénéficient d’une couverture identique.
  • Pour ceux qui diversifient leurs comptes, la protection s’applique à chaque établissement, dans la limite du plafond par banque.

Les banques françaises tiennent bon pour l’instant, mais la vigilance reste de mise : quand la mer est agitée, même les plus grands navires scrutent l’horizon avec prudence.